Le parti politique trans-européen Newropeans, se présente comme un parti "à durée limitée"1. Cette caractéristique est moins anodine qu’il n’y paraît.
Nous assistons par exemple en France aujourd’hui à une crise de l’UMP2 qui affole toute la droite française: comment sauver l’UMP? qui va sauver l’UMP? etc…
En réalité, nous avons un peu perdu le fil de ce qu’est un parti politique, à savoir une machine servant ponctuellement à une personne ou équipe politique donnée, mue par un projet politique précis, à accéder au pouvoir. C’est ainsi seulement que la vie politique peut prétendre être connectée aux opinions publiques, à l’actualité, aux défis collectifs et à l’intérêt commun. Les institutions quant à elles ne s’occupent que de créer les conditions de leur propre persistance.
Jusqu’à Jacques Chirac inclus, la plupart des présidents français avaient créé ou recréé le parti qui les avait porté au pouvoir. Nicolas Sarkozy s’est quant à lui contenté de prendre le contrôle du parti qu’avait créé Jacques Chirac: technique du "Bernard l’Hermite", ou "squatter", pour petits hommes politiques avides de pouvoir mais dénués de projet… en tous cas de projet avouable.
Cela dit, le PS3 n’est pas mieux loti: aucun changement depuis Mitterrand, le PS est devenu une institution peuplée d’apparatchiks, un vrai panier de crabes. La France a juste eu la "chance" que le pire d’entre eux, à savoir le plus contrôlable4, ou DSK5, saute avant l’élection, laissant la place à l’inattendu, donc plus libre6, François Hollande.
Vu sous cet angle, la crise politique française peut facilement être rapprochée de cette impossibilité qu’il semble y avoir à créer quelque chose de nouveau, et de progressiste, en matière politique en France notamment7.
Les médias ne le permettent plus, qui ont pour consigne de ne parler que des grandes institutions politiques officielles… et de stigmatiser les choix de l’opinion publique française, accusée de verser dans le fascisme dès qu’elle sort de l’alternative droite-gauche officielle. On se vautre ainsi dans un mépris croissant pour le peuple en y surajoutant sur le phénomène Le Pen (qui profite bien sûr du processus) et on se conforte ainsi dans la reproduction d’un système politique de plus en plus déconnecté, sans jamais parler surtout des actions et mouvements porteurs de vrais projets innovants. Comme c’est pratique! Et comme cela sert bien le travail de sape de tout leadership politique en Europe, et aux États-Unis d'ailleurs.
En effet, si nous nous endormons si facilement sur ce dysfonctionnement patent de notre système politique et démocratique, c’est que le "modèle" démocratique qu’est supposé représenter l’Amérique, est fondé sur un système de partis particulièrement statique: deux cents ans de bipartisme institutionnalisé, une impossibilité absolue de créer le moindre parti politique nouveau, une obligation totale à passer par l’une des deux "institutions" politiques pour accéder au pouvoir… Il suffit donc de contrôler ces deux partis pour contrôler les États-Unis et leur appareil de puissance globale8 .
Mais c’est le système américain, donc c’est forcément la panacée en matière démocratique, n’est-ce pas?
Et bien non! En réalité le bipartisme à l’américaine a plus à voir avec le système de parti unique chinois qu’avec une démocratie vivante… Il est même pire car il est malhonnête lorsque il se fait passer pour fondamentalement démocratique. Au moins le parti unique chinois ne ment-il pas sur sa nature, ce qui l’oblige à affronter le questionnement et la critique.
Mais après tout, les Américains font ce qu’ils veulent. En revanche, il est temps que l’Europe renoue avec les méthodes qui ont permis la démocratie vivante, connectée et mobile qu’elle a connue à ses meilleures heures.
Mais il nous faut noter encore une chose: si les démocraties nationales s’institutionnalisent et meurent en Europe, ne laissant peu à peu émerger que les partis mort-vivants de la réaction et du passéisme, c’est que les manettes du pouvoir sont montées au niveau européen. Or la valeur humaine en politique recherche les instruments du pouvoir, et non ses seuls habits.
C’est pourquoi Newropeans fait tant sens: il est le seul projet politique proposant de créer le marche-pied qui doit permettre aux hommes et femmes politiques de valeur en Europe d’accéder aux manettes du pouvoir-faire, du pouvoir-changer, du pouvoir-adapter. Pour atteindre les manettes européennes, il faut un marche-pied trans-européen. Les hommes et femmes politiques de valeur existent en Europe mais aucun n’a encore su créer le marche-pied trans-européen. Il est temps pour eux de suivre l’exemple, ou de se rassembler autour du projet, de Franck Biancheri.
Il est temps de refaire de la politique en Europe!
de Masha Loyak
1 Newropeans considère en effet que son rôle est d’enfoncer les portes de la démocratie européenne puis de se dissoudre dans la masse des couleurs politiques qui déferleront alors sur l’Europe. (http://www.newropeans.eu/fr/node/76)
2 Membre français du Parti Populaire Européen et parti de pouvoir de droite.
3 Membre français du Parti Socialiste Européen et parti de pouvoir de gauche.
4 Dans un système politique statique, tel que décrit, le critère de sélection pour accéder aux plus hautes fonctions est la « contrôlabilité » : plus on a de casseroles connues (pathologie sexuelle, avidité au gain, etc…), plus on a de chance de progresser… c’est une question de confiance, comprenez-vous ! C’est ainsi que Franck Biancheri avait été jugé brillant mais malheureusement « incontrôlable » par les éminences grises d’un cercle lié à Davos, parmi lesquelles le banquier Pébereau, qui s’était rapproché de lui à une époque.
5 Dominique Strauss-Kahn qui s’est fait prendre dans une affaire de mœurs aux États-Unis juste avant la dernière élection présidentielle française à laquelle il était le candidat favori.
6 C’est ce qui énerve tant les médias français aux mains de la grande entreprise française (d’armement : Dassault, Lagardère…).
7 Cet article a choisi de se baser sur le problème spécifique français concrétisé par la crise de l’UMP mais les lecteurs d’autres nationalités européennes devraient trouver des points de convergence avec leurs propres systèmes de partis.
8 à Monsanto par exemple…
-
Sam-Dim 2 & 3 Juillet 2011: Congrès du “Front Démocratique de l'Euroland” (PARIS):
-
Six réformes clé pour une gouvernance démocratique de l'Euroland
-
Les Belges sont des Newropeans qui s'ignorent
-
Open call: Euroland Agora in Athens - October 7-10, 2016
-
Appel à participation: Agora de l’Euroland à Athènes - du 7 au 10 Octobre 2016