Six réformes clé pour une gouvernance démocratique de l'Euroland

- 01/07/2011



Sans l'Euro, la crise globale actuelle, et notamment sa dimension financière qui a commencé en 2008 aurait complètement détruit le processus d'intégration européenne. Grâce à la monnaie unique européenne toutes les tendances égoïstes et nationalistes n'ont pas été en mesure d'aller au-delà que d'une perte de temps face à l'action commune et d'une poussée de la rhétorique anti-européenne. Car effectivement depuis mai 2010 avec la création du Fonds Européen de Stabilité Financière et ses retombées en termes budgétaires, fiscaux, financiers et monétaires nous assistons à la plus grande avancée de l'intégration européenne jamais réalisée.

Mais pour s'assurer que cette intégration européenne puisse effectivement se transformer d'ici deux ou trois ans en une véritable Renaissance historique, à l'image de la Renaissance de la deuxième moitié des années 80 (qui a donné naissance au marché unique, à Erasmus, à l'Euro, à Schengen...), cette fois-ci les Européens, et notamment ceux qui vivent à l'intérieur de cette nouvelle "souveraineté" émergente, l'Euroland, doivent veiller à ce que les contrôles démocratiques soient rapidement conçus, décidés et mis en place afin d'être certain qu'être un Eurolander signifie bien être citoyen à part entière d'une démocratie à échelle continentale. Et ceci ne se fera pas si les citoyens n'agissent pas!

Ces citoyens, notamment les jeunes générations, sont déjà dans les rues en Espagne, Portugal, Irlande, Grèce, Allemagne, France, Italie... et réclament une vraie démocratie pour l'Euroland, le droit de défendre leurs droits, leurs valeurs et par dessus tout leur futur totalement ruiné par la crise et le manque de vision des dirigeants nationaux et des partis politiques. Jeunes et plus âgés doivent travailler ensemble et mettre en ouvre les instruments pour un Euroland vraiment démocratique qui peut garantir un avenir meilleur pour les uns tout en respectant les aspirations que pouvaient avoir les autres.

C'est pour cela que nous appelons à la définition d'un pacte trans-générationnel de l'Euroland, ou nous risquons de voir s'élargir non seulement le fossé entre citoyens et institutions mais en mode accéléré celui entre les générations.

Nous partageons la même monnaie, la même crise, la même austérité, et en l'absence de représentativité démocratique qui nous soit propre, nous sommes appelés, nous, les citoyens de l'Euro, les Eurolanders, à défendre nos visions et nos valeurs: une vraie démocratie, une vraie solidarité, une vraie liberté, un nouvel acteur souverain dans le monde et son contrôle démocratique, une vraie réflexion sur des sujets transversaux, comme l'immigration, les enjeux économiques et sociaux générationnels, l'énergie, l'éducation... L'Euro est là pour durer, c'est la question démocratique qui se pose, et elle se pose désormais uniquement dans le cadre européen.

Marianne Ranke-Cormier, 01 juillet 2011