Tout le processus d'élargissement de l’UE aux pays des Balkans tel qu’il est actuellement mené, et qui repose sur des chantages à l’intégration européenne, risque non seulement de perpétrer des situations instables dans la région, mais aussi de conduire le projet européen vers une « balkanisation » de l’UE.
En effet, après la Serbie, pour laquelle le chantage constituait en: l'Europe contre le Kosovo, ce que le Kosovo avait alors pris comme un signal pour s'autoproclamer indépendant, les dirigeants serbes pro-occidentaux comme une bouée de sauvetage pour leur carrière politique et financière, et le peuple serbe comme un déni de démocratie dans une période où tout le monde louait la reconstruction démocratique, voici maintenant le chantage macédonien. Le Parlement européen se saisit du dossier: l'Europe contre la Macédoine, le nom bien entendu, pas la région (bien que là aussi les Grecs auraient eu redire…).
Et voici donc les dirigeants de ce petit pays, né il y a à peine deux années entraînés dans une marche forcée vers le nouveau miroir aux alouettes, l'intégration européenne, dont le peuple veut sûrement, puisqu'elle est censée lui ouvrir les portes du paradis, pardon, du marché, entrée pour laquelle le prix sera celui d'abandonner ce que certains qualifient de lubie, de prétention nationaliste: le nom de leur pays.
On constatera que dans aucun des cas l'Europe ne s'adresse aux citoyens, qu'elle ne leur a jamais demandé leur avis, ni aux citoyens serbes, ni aux citoyens macédoniens, encore moins aux citoyens européens. Les traités qui sont signés en leurs noms ne mentionnent jamais l'adhésion des peuples eux-mêmes, ni le processus démocratique sur lequel repose l'acte fondamental.
Pourrait-il en être autrement d'ailleurs, quand les députés que nous avons élus au Parlement européen n'ont même pas le réflexe de s'adresser sur ces questions fondamentales à leurs électeurs, quand nos dirigeants politiques nationaux refusent de donner la parole à leurs propres citoyens, et que tous sont prêts à jeter aux orties les principes de démocratie sur lesquels reposait cependant tout le processus de construction européenne. Et il n'est même pas question ici de démocratie européenne, il est simplement question de démocratie nationale, de démocratie simplement…
N'ayant rien d'autre à vendre que son processus de démocratisation en cours et ses réformes internes qui traînent, mais en cela pas plus mauvais élève pourtant que la Serbie, la Macédoine, et même certains autres pays européens, la Bosnie-Herzégovine apparaît dès lors comme le grand perdant de ce petit jeu des institutions pour parvenir à la stabilisation de la région. Alors que l'Accord de Stabilisation et d’Association entre l’Union européenne et la Serbie vient d'être signé (), la Bosnie-Herzégovine se voit contrainte d'attendre encore. Une frustration, d'autant plus grande à l'égard de son voisin serbe, poursuivi et condamné cependant pour des crimes commis à l'encontre du peuple bosniaque…
Quand l'Union européenne met dans la balance de l'adhésion des futurs nouveaux états-membres des questions qui n'ont strictement rien à voir avec le processus de démocratisation de la région des Balkans, il ne faudra pas s'étonner que ce sera in fine l'Union européenne qui courre vers un dangereux processus de balkanisation. On ne peut pas assurer la stabilité et la paix durable entre les peuples sur des fondements d’injustice, de déception et de frustrations, et surtout quand le peuple n’a jamais été appelé à adhérer lui-même au projet…
Comment voulez-vous alors en appeler à sa responsabilité ?
En effet, après la Serbie, pour laquelle le chantage constituait en: l'Europe contre le Kosovo, ce que le Kosovo avait alors pris comme un signal pour s'autoproclamer indépendant, les dirigeants serbes pro-occidentaux comme une bouée de sauvetage pour leur carrière politique et financière, et le peuple serbe comme un déni de démocratie dans une période où tout le monde louait la reconstruction démocratique, voici maintenant le chantage macédonien. Le Parlement européen se saisit du dossier: l'Europe contre la Macédoine, le nom bien entendu, pas la région (bien que là aussi les Grecs auraient eu redire…).
Et voici donc les dirigeants de ce petit pays, né il y a à peine deux années entraînés dans une marche forcée vers le nouveau miroir aux alouettes, l'intégration européenne, dont le peuple veut sûrement, puisqu'elle est censée lui ouvrir les portes du paradis, pardon, du marché, entrée pour laquelle le prix sera celui d'abandonner ce que certains qualifient de lubie, de prétention nationaliste: le nom de leur pays.
On constatera que dans aucun des cas l'Europe ne s'adresse aux citoyens, qu'elle ne leur a jamais demandé leur avis, ni aux citoyens serbes, ni aux citoyens macédoniens, encore moins aux citoyens européens. Les traités qui sont signés en leurs noms ne mentionnent jamais l'adhésion des peuples eux-mêmes, ni le processus démocratique sur lequel repose l'acte fondamental.
Pourrait-il en être autrement d'ailleurs, quand les députés que nous avons élus au Parlement européen n'ont même pas le réflexe de s'adresser sur ces questions fondamentales à leurs électeurs, quand nos dirigeants politiques nationaux refusent de donner la parole à leurs propres citoyens, et que tous sont prêts à jeter aux orties les principes de démocratie sur lesquels reposait cependant tout le processus de construction européenne. Et il n'est même pas question ici de démocratie européenne, il est simplement question de démocratie nationale, de démocratie simplement…
N'ayant rien d'autre à vendre que son processus de démocratisation en cours et ses réformes internes qui traînent, mais en cela pas plus mauvais élève pourtant que la Serbie, la Macédoine, et même certains autres pays européens, la Bosnie-Herzégovine apparaît dès lors comme le grand perdant de ce petit jeu des institutions pour parvenir à la stabilisation de la région. Alors que l'Accord de Stabilisation et d’Association entre l’Union européenne et la Serbie vient d'être signé (), la Bosnie-Herzégovine se voit contrainte d'attendre encore. Une frustration, d'autant plus grande à l'égard de son voisin serbe, poursuivi et condamné cependant pour des crimes commis à l'encontre du peuple bosniaque…
Quand l'Union européenne met dans la balance de l'adhésion des futurs nouveaux états-membres des questions qui n'ont strictement rien à voir avec le processus de démocratisation de la région des Balkans, il ne faudra pas s'étonner que ce sera in fine l'Union européenne qui courre vers un dangereux processus de balkanisation. On ne peut pas assurer la stabilité et la paix durable entre les peuples sur des fondements d’injustice, de déception et de frustrations, et surtout quand le peuple n’a jamais été appelé à adhérer lui-même au projet…
Comment voulez-vous alors en appeler à sa responsabilité ?
Marianne Ranke-Cormier
Paris-Arriach (France-Autriche)
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