29/10/2007 - La crise de la gouvernance belge n'est que le reflet de la montée des crises latentes qui nous attendent dans toute l'Europe: séparatisme, régionalisme exacerbé, populisme... Une autre dimension serait-elle possible ?
Depuis près de quatre mois l'Europe suit avec un certain amusement les péripéties de nos voisins Belges à la recherche d'un nouveau gouvernement. Avec amusement, car pour les européens, et non seulement pour les Français, tout ce qui vient de Belgique pourrait prêter à rire.
Cependant, cette situation n'est pas si drôle que cela, car elle est la parfaite illustration de ce qui nous attend dans les années à venir tant au niveau national qu'au niveau européen.
Au niveau national, parce qu'elle est l'expression même des régionalismes exacerbés et aigris de nos différentes régions, pré-existantes ou dont la subite révélation identitaire est la création du processus d'européanisation, cher aux fédéralistes européens de tous poils, qui n'a jamais trouvé meilleur support que dans la quête des particularismes régionaux. Cette identité régionale, qui repose soit sur des fondements historiques, culturels, linguistiques, soit sur une surenchère européenne, est bien sûr le berceau des leaders populistes en quête de pouvoir et de légitimité, appelés à jouer avec, non pas les sentiments, mais les ressentiments.
C'est véritablement l'impression que j'ai eu en écoutant Jean-Luc Dehaene, ancien Premier ministre belge et flamand, mais flamand avant tout, lorsqu'il parle de "frustration", d'"humiliation", de "réparation", de "revanche"... tant de haine dans ce discours.
Certes il n'a pas tort, car la communauté francophone forte de son Bruxelles, le nombril du monde bien pensant européen, a dédaigné avec hauteur cette Belgique flamande des faubourgs.
Mais Dehaene est mauvais apôtre. N'a-t-il pas lui même joué dans cette cour élitiste ? Qu'en a-t-il fait véritablement ?
Alors, quand il tient de tels discours, quelle est son ambition ? Celle des Flamands ? Des Belges ? Ou la sienne ?
Le débat n'est pas différent de ce qui se passe en Grande-Bretagne, dont l'Ecosse vient également de se trouver une véritable légitimité à entreprendre sa grande croisade de l'indépendance, ou encore en Espagne, comment voudriez-vous parvenir à faire accepter le poids de la centralisation étatique, alors que d'un côté on reconnaît, y compris au niveau européen, l'autonomie régionale de la Catalogne, justement celle que l'on refuse au Pays basque ?
Et que penser du Kosovo ? L'Europe, mais surtout ses dirigeants confrontés eux-mêmes à ces nouveaux processus de divisions intrinsèques, devraient réfléchir avant de suivre Washington sur le chemin de la création d'un Kosovo indépendant[1]. Tous les petits chefs de nos régions d'Europe, prêtes à basculer, ou qui ont déjà basculé comme la Carinthie, menée par Haider, n'attendent que cela. Ce qui sera décidé aujourd'hui pour les Kosovars sera revendiqué demain par toutes ces régions où des "petits chefs" rêvent de devenir grands et de marquer les pages de l'Histoire. Car ce à quoi nous assistons en Belgique ce n'est pas de la démocratie, c'est la tentative de prise de pouvoir de "petits chefs régionaux" qui rêvent de devenir "grands chefs nationaux" et qui se lancent des ultimatums comme des déclarations de guerre.
Comment en est-on arrivé à ce point là en Belgique ? Personne pour se lever et donner à la Belgique une autre direction ?
Ce qu'il manque à la Belgique ce ne sont pas les identités régionales, mais une gouvernance trans-belge, tout comme au niveau européen il manque une expression trans-européenne. A côté des partis politiques traditionnels, un nouveau mouvement politique qui viendrait défendre ce que les citoyens belges ont en commun.
A quand donc ce parti trans-belge, qui ne serait pas l'expression indentitaire d'une région ou d'une autre, mais celle de l'expression des citoyens de Belgique.
Les Belges seraient-ils Newropeans qui s'ignorent ?
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