Le Portugal brûle depuis plusieurs mois. L'Espagne est à peine mieux lotie. L'Italie, la Grèce et la France souffrent d'une très grave sécheresse, propice aux incendies les plus dangereux. Comme chaque année, cette fois-ci un peu plus gravement, le Sud de l'Europe brûle et souffre en général d'un manque considérable de moyens pour lutter contre les incendies, pendant que le Nord de l'Europe envoie ses touristes et que ses ONG environnementales discutent doctement de réchauffement planétaire et de survie des forêts amazoniennes.
Et c'est à la fin de l'été, à la veille du moment où les préoccupations estivales vont disparaître des médias européens (et donc les articles sur ces incendies de forêts), que les gouvernements de l'UE évoquent les principes de solidarité, de « mutualisation » et d'action européenne commune. De qui se moque-t-on ? Cela fait des décennies que ce type de scénario se répète et que chaque été, ô surprise, on redécouvre que la forêt méditerranéenne brûle encore un peu plus. Il y a de cela près d'une décennie, j'avais en vain proposé de lancer un vaste programme européen de maîtrise des incendies de forêts estivaux au Sud de l'Europe. Associant les moyens financiers de l'UE, la coopération intergouvernementale en terme de lutte contre le feu (moyens opérationnels : surveillance satellite, avions, hélicoptères, ressources humaines) et une vaste campagne de prévention (éducation du Sud au Nord de l'UE car la moitié de la population estivale de la zone méditerranéenne vient du Nord ; et prévention de terrain aussi au Sud), cette politique communautaire permettrait d'accroître considérablement l'efficacité de la lutte contre l'incendie dans le Sud, et de renforcer le sentiment d'un patrimoine naturel commun au Nord.
Car il s'agit bien in fine de cela. Ces paysages portugais, espagnols, français, italiens, grecs qui disparaissent, brûlés chaque été, appartiennent-ils au patrimoine commun européen ou bien leur préservation est-elle le seul problème de chaque gouvernement, de chaque pays ?
Ma réponse est claire : il s'agit dun patrimoine européen commun et donc à ce titre sa préservation est une affaire commune. Ainsi, traversé lors du Newropeans Democracy Marathon en 2003, j'ai gardé en mémoire le magnifique paysage arboré où chênes verts et chênes-lièges sont dominants, entre Castelo Branco au Portugal et Plasencia en Espagne, un paysage que l'Empereur Charles Quint choisit pour finir ses jours au monastère de Yuste tout proche. Pourtant aujourdhui que reste-t-il de ce paysage unique, partie intégrante de notre identité européenne commune? Uniquement des cendres calcinées.
Pourquoi notre patrimoine commun continue-t-il à partir en fumée chaque année ? Certainement pas parce qu'il y aurait une fatalité à voir brûler le Sud ! Mais essentiellement parce que depuis des années, nos politiciens nationaux[3] se moquent comme de leur premier électeur de ce qui se passe hors des frontières du pays où ils se font élire ; et que nos bureaucrates communautaires s'enlisent dans la création de comités et d'agences ad hoc qui ne servent qu'à justifier leur inutilité.
Pourtant une telle action constituerait une démonstration éclatante de l'utilité de la construction européenne pour des dizaines de millions d'habitants de ces zones. Elle serait infiniment plus efficace que les « nouvelles stratégies de communication » des institutions communautaires ; et elle coûterait mille fois moins cher que les gesticulations anti-terroristes dont raffolent nos politiciens nationaux. Mais, il n'y a pire sourds que ceux qui ne peuvent pas entendre, car ils ne comprennent ni les Européens (pour les premiers), ni l'UE (pour les seconds).
Avec tous ceux qui entendent faire cesser cette incompétence et cette irresponsabilité coupables, travaillons à élaborer en la matière des propositions très précises pour que la décennie prochaine soit enfin celle d'une action européenne efficace pour préserver son patrimoine naturel méditerranéen. Et cela ira bien entendu bien au-delà, car d'autres problématiques européennes dans le domaine de la préservation du patrimoine ou de l'environnement existent, au Centre, au Nord, à l'Est et à l'Ouest de lUE[4].
Dans tous les cas, les mêmes conditions politiques doivent être réunies pour dépasser enfin le « beau discours » sur le « devoir de l'Europe », et les promesses de fin de vacances de nos ministres bien bronzés : la construction d'une force politique démocratique à l'échelle du continent seule capable d'assumer des responsabilités trans-européennes et de transformer la bureaucratie en administration efficace. Employons-nous y dès maintenant.
[1] La plupart des grandes ONG environnementales européennes, et en particulier celles qui gravitent autour des institutions européennes, sont dirigées par des Européens du Nord.
[2] Sans oublier qu'il existe nécessairement une agence « ad hoc » de l'Union européenne, localisée on ne sait où, dirigée par on ne sait qui, émettant depuis des mois, dans l'indifférence totale, des avis sur les risques de sécheresse et d'incendies dans le Sud de l'Union.
[3] Et je parle ici aussi bien de ceux qui soudain se découvrent des vocations à « aider » que de ceux qui n'appellent à l'aide que trop tard, quand presque tout a déjà brûlé (prestige national oblige !).
[4] Les récentes inondations catastrophiques en Roumanie et en Bulgarie (bientôt membres de l'UE) en sont un triste exemple
Et c'est à la fin de l'été, à la veille du moment où les préoccupations estivales vont disparaître des médias européens (et donc les articles sur ces incendies de forêts), que les gouvernements de l'UE évoquent les principes de solidarité, de « mutualisation » et d'action européenne commune. De qui se moque-t-on ? Cela fait des décennies que ce type de scénario se répète et que chaque été, ô surprise, on redécouvre que la forêt méditerranéenne brûle encore un peu plus. Il y a de cela près d'une décennie, j'avais en vain proposé de lancer un vaste programme européen de maîtrise des incendies de forêts estivaux au Sud de l'Europe. Associant les moyens financiers de l'UE, la coopération intergouvernementale en terme de lutte contre le feu (moyens opérationnels : surveillance satellite, avions, hélicoptères, ressources humaines) et une vaste campagne de prévention (éducation du Sud au Nord de l'UE car la moitié de la population estivale de la zone méditerranéenne vient du Nord ; et prévention de terrain aussi au Sud), cette politique communautaire permettrait d'accroître considérablement l'efficacité de la lutte contre l'incendie dans le Sud, et de renforcer le sentiment d'un patrimoine naturel commun au Nord.
Car il s'agit bien in fine de cela. Ces paysages portugais, espagnols, français, italiens, grecs qui disparaissent, brûlés chaque été, appartiennent-ils au patrimoine commun européen ou bien leur préservation est-elle le seul problème de chaque gouvernement, de chaque pays ?
Ma réponse est claire : il s'agit dun patrimoine européen commun et donc à ce titre sa préservation est une affaire commune. Ainsi, traversé lors du Newropeans Democracy Marathon en 2003, j'ai gardé en mémoire le magnifique paysage arboré où chênes verts et chênes-lièges sont dominants, entre Castelo Branco au Portugal et Plasencia en Espagne, un paysage que l'Empereur Charles Quint choisit pour finir ses jours au monastère de Yuste tout proche. Pourtant aujourdhui que reste-t-il de ce paysage unique, partie intégrante de notre identité européenne commune? Uniquement des cendres calcinées.
Pourquoi notre patrimoine commun continue-t-il à partir en fumée chaque année ? Certainement pas parce qu'il y aurait une fatalité à voir brûler le Sud ! Mais essentiellement parce que depuis des années, nos politiciens nationaux[3] se moquent comme de leur premier électeur de ce qui se passe hors des frontières du pays où ils se font élire ; et que nos bureaucrates communautaires s'enlisent dans la création de comités et d'agences ad hoc qui ne servent qu'à justifier leur inutilité.
Pourtant une telle action constituerait une démonstration éclatante de l'utilité de la construction européenne pour des dizaines de millions d'habitants de ces zones. Elle serait infiniment plus efficace que les « nouvelles stratégies de communication » des institutions communautaires ; et elle coûterait mille fois moins cher que les gesticulations anti-terroristes dont raffolent nos politiciens nationaux. Mais, il n'y a pire sourds que ceux qui ne peuvent pas entendre, car ils ne comprennent ni les Européens (pour les premiers), ni l'UE (pour les seconds).
Avec tous ceux qui entendent faire cesser cette incompétence et cette irresponsabilité coupables, travaillons à élaborer en la matière des propositions très précises pour que la décennie prochaine soit enfin celle d'une action européenne efficace pour préserver son patrimoine naturel méditerranéen. Et cela ira bien entendu bien au-delà, car d'autres problématiques européennes dans le domaine de la préservation du patrimoine ou de l'environnement existent, au Centre, au Nord, à l'Est et à l'Ouest de lUE[4].
Dans tous les cas, les mêmes conditions politiques doivent être réunies pour dépasser enfin le « beau discours » sur le « devoir de l'Europe », et les promesses de fin de vacances de nos ministres bien bronzés : la construction d'une force politique démocratique à l'échelle du continent seule capable d'assumer des responsabilités trans-européennes et de transformer la bureaucratie en administration efficace. Employons-nous y dès maintenant.
Franck Biancheri
Président Newropeans
Président Newropeans
[1] La plupart des grandes ONG environnementales européennes, et en particulier celles qui gravitent autour des institutions européennes, sont dirigées par des Européens du Nord.
[2] Sans oublier qu'il existe nécessairement une agence « ad hoc » de l'Union européenne, localisée on ne sait où, dirigée par on ne sait qui, émettant depuis des mois, dans l'indifférence totale, des avis sur les risques de sécheresse et d'incendies dans le Sud de l'Union.
[3] Et je parle ici aussi bien de ceux qui soudain se découvrent des vocations à « aider » que de ceux qui n'appellent à l'aide que trop tard, quand presque tout a déjà brûlé (prestige national oblige !).
[4] Les récentes inondations catastrophiques en Roumanie et en Bulgarie (bientôt membres de l'UE) en sont un triste exemple
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