Les citoyens européens ont récemment découvert que GE (General Electric) envisageait d'acheter le secteur de l'énergie d'Alstom, privant non seulement la France mais l'Europe de deux secteurs clés de son développement en tant que continent à la tête de l'industrie et de la recherche au niveau mondial, tant dans le secteur du transport que de l'énergie.
Newropeans, le seul mouvement politique trans-européen, est convaincu que seul un rapprochement entre Alstom et Siemens est d'un intérêt européen commun stratégique. Une fusion entre Alstom et GE entraverait gravement les efforts de consolidation trans-européens dans les sphères énergétiques et économiques. En règle générale, Newropeans soutient pleinement une évolution indépendante des sphères du politique et de l'économie. Mais aujourd'hui, sous le feu des projecteurs de la crise financière et aujourd'hui de la crise ukrainienne, les secteurs de l'énergie et de l'économie affectent directement le processus d'intégration, d’indépendance et de leadership européen réussi. Newropeans considère qu'il est de son devoir politique d'exprimer son opinion afin d’interpeller toutes les parties impliquées, France, Allemagne et institutions européennes.
Newropeans soutient et partage les préoccupations du ministre français Arnaud Montebourg et regrette le silence étonnant de nos dirigeants européens sur ce qui pourrait en fin de compte se révéler être un abandon du marchés intra-européen de l'énergie et des transports. Dans ce secteur, l'absence d'une véritable politique trans-européenne industrielle de l'énergie permet aux États-Unis d'accéder aux niches du marché qui lui sont de ce fait disponibles. De cette façon, ils pourront imposer des processus de production dont les citoyens européens ne veulent pas et qui pourraient être une cause de rejet du TTIP, à savoir le gaz de schiste.
. Alors que les négociations du TTIP semblent être en quelque sorte suspendues, les États-Unis tentent de pénétrer le marché européen par d'autres portes. L'annonce brutale de l'acquisition d'Alstom par GE n'a pas d'autre but que d'entrer sur le marché européen de l'énergie le plus rapidement possible et de couper l'Europe d'autres sources d'énergie, en particulier des pays BRICS.
. Alors que les responsables politiques nationaux européens ne parviennent pas à se positionner sur une ligne d'intérêt européen commun, les bureaucrates de l'UE sont incapable d'exprimer une ligne politique pertinente pour s'opposer aux lobbies extérieurs.
Pendant plusieurs décennies les citoyens européens ont donné aux décideurs politiques mandat de faire avancer l'intégration européenne, et notamment pour une intégration économique européenne et une véritable politique européenne de l'énergie. Par contre il n'y a jamais eu de mandat démocratique pour le développement de l'intégration économique ou financière transatlantique.
Le plus grand traître de l'UE est le gouvernement français, son premier ministre et son ministre des Affaires étrangères, Fabius, qui a capturé le portefeuille du Commerce international, font tout pour offrir aux intérêts américanistes purement financiers et économiques le marché européen.
Pour Newropeans, un marché transatlantique de libre échange, s'il doit y en avoir un, doit résulter d'une volonté commune et démocratiquement légitimée des deux côtés de l'Atlantique. La définition des instruments d'un marché transatlantique (ou transcontinentaux) viendra seulement quand l'intégration européenne aura elle-même été achevée sur ces points, et quand un mandat démocratique aura été donné d'ouvrir un tel processus (et le TTIP n'en est pas un).
Mais pour le moment, la première priorité de l'UE devrait être de consolider l'intégration européenne réalisée ces dernières années. Pour cela les marchés trans-européens de l'énergie et des transports sont des éléments clés d'importance stratégique. Pour Newropeans des arguments fondamentaux dans l'intérêt européen commun plaident en faveur d'une fusion Alstom-Siemens plutôt que Alstom-GE, notamment:
1) La vente d'Alstom affecte la sécurité énergétique française mais aussi européenne
L'approche de General Electric est d'absorber l'activité „énergie“ d'Alstom qui sera gérée par GE Energy, ce qui placerait la sécurité énergétique dont le nucléaire dans des mains étrangères au marché européen. Souveraineté de choix, contrôle des technologies et des capacités industrielles doivent rester entre les mains des Européens, comme nous pouvons le voir avec la crise ukrainienne (contrôle des ressources énergétiques et le choix de celles-ci, l'approvisionnement et la régulation de celui-ci, comme les accords avec les pays partenaires). Nous avons besoin d'une politique énergétique de l'UE beaucoup plus intégrée pour défendre notre souveraineté et notre indépendance.
2) les marchés de l'énergie et des transports de l'UE exigent une intégration plus poussée pour devenir un support solide au développement économique de l'UE.
L'UE est pionnière dans l'innovation technologique à la fois dans le domaine des transports (première trains à grande vitesse TGV (Alstom) et ICE (Siemens)) et de l'énergie (nucléaire, énergie durable ...), un marché européen plus intégré dans e secteur des transports permettrait aux entreprises européennes de gagner en compétitivité avec les acteurs des sociétés américaines ou asiatiques. Le céder à des intérêts étrangers est contraire à ce processus d'intégration et dommageable pour les entreprises européennes. Une cession d'Alstom à GE est particulièrement dommageable pour Siemens et met en place un concurrent direct sur le marché européen, alors que l'inverse n'est pas vrai sur le marché américain.
3) Une consolidation du marché transatlantique devrait se traduire tout d'abord par une coopération transatlantique par des activités régulatrices, approuvée par les entreprises et les dirigeants politiques des deux côtés de l'Atlantique, pas simplement à l'initiative d'une poignée d'investisseurs et d'opérateurs spéculatifs.
De très bons arguments peuvent être avancés pour soutenir une consolidation transatlantique. Elle ne porterait pas seulement sur les fusions transfrontalières des sociétés, mais aussi sur la coopération transatlantique dans l'activité de régulation des marchés. D'autre part, si le débat sur une harmonisation transatlantique des normes prend de l'importance, l'UE a tout d'abord intérêt stratégiquement de transformer son propre marché économique de façon homogène et efficace. Cela concerne tant la politique (dans le sens de libéralisation interne à l'UE, réglementation et de surveillance trans-européenne), mais aussi les acteurs privés comme Alstom, Siemens etc... qui devraient en premier lieu travailler sur le développement de plates-formes d'échanges trans-européennes avant de se lancer sur le terrain transatlantique.
4) Enfin, Alstom a été en grande partie financé par des fonds publics, les impôts payés par les citoyens français et européens. Bouygues qui a su engranger un maximum de profits est aussi redevable à l'État, à l'Union européenne, du moins à leurs contribuables.
Nous n'avons pas besoin d'un remake de l'affaire EURONEXT - NYSE - Deutsche Börse, qui a eu pour effet, de retarder l'émergence d'une véritable souveraineté économique et financière de la zone euro, de placer nos entreprises sous tutelle, de renflouer les comptes des banques et entreprises multinationales situées principalement aux États-Unis, ce qui a permis au marché américain à survivre tout en luttant contre l'Euroland en menaçant nos États européens et notre monnaie, de mettre en danger le concept même du marché européen et l'avenir de l'Europe et des Européens dans le monde.
Communiqué Newropeans
EN: ALSTOM - SIEMENS is the only merger fulfilling a strategic European common interest
DE: ALSTOM - SIEMENS ist die einzige Fusion im gemeinsamen europäischen strategischen Interesse
Links:
. Alstom-General Electric-Siemens: un choix cornélien qui a besoin de temps (Le Monde)
. EURONEXT - NYSE - DEUTSCHE BÖRSE - Newropeans opposes Euronext/Nyse merger (NM)
. Berlin begrüßt Siemens-Konter Paris macht Alstom zur nationalen Sache (N-TV)
. GE’s Alstom Bid Gains Steam as Hollande Said Not Opposed (Bloomberg)