TTIP: Où cela va-t'il nous mener?

- 03/02/2015

Un article de Félix de la Fuente, auteur du 'Dictionnaire Juridique de l'Union Européenne', Secrétaire général du parti politique CILUS, et tête de liste aux élections Européennes 2014.



TTIP: Où cela va-t'il nous mener?
L'une des nombreuses choses que nos parlementaires doivent nous expliquer sont les conséquences que cet accord TTIP aura pour l'industrie et l'agriculture espagnole. Ils ne peuvent pas se contenter de jouer un rôle secondaire dans cette négociation et de laisser toute initiative à la Commission européenne, qui n'a pas été élue directement par les citoyens, et aux États-Unis, qui ont généralement des intérêts différents aux intérêts des citoyens européens (voir l'Irak, l'Ukraine, la Palestine etc.). Il se peut que quelques branches de l'économie européenne bénéficient de cet accord, mais je ne dirais pas la même chose en ce qui concerne le grand public et l'économie espagnole. Nos députés doivent expliquer quelle compensation auront les pays négativement touchés par  cet accord. Où est la solidarité de l'Union européenne?

Le secret et le manque de transparence avec lequel sont menés les pourparlers ne représentent pas une excuse pour nos représentants au Parlement européen car ils sont bien obligés d’être informés. Nous assistons à quelque chose de très important : cet accord pourrait signifier l’ adieu définitif à l’ UE. Cet accord va bien au-delà de ce qui semble être un accord commercial. Non, ce traité n’est pas un changement de direction du train de l'UE. Cela fait déjà de nombreuses années, que l'UE a fait marche arrière. Cela fait déjà de nombreuses années, que la seule chose qui importait était l'ampliation, car elle a favorisé les grandes entreprises, mais non pas une plus grande union des citoyens, qui sont les oubliés à la fois des politiques nationales et de la politique de l'UE. Et cela nos députés devraient le savoir. Beaucoup d'entre nous voulons une véritable union politique et économique de l'Europe et, selon les sondages, ce sont surtout les jeunes qui la demandent.


Les questions que supposent la négociation de cet accord sont nombreuses et elles vont toutes dans la même direction: l'absence absolue des citoyens dans tous les domaines et dans le processus de l'Union européenne. Et cela a un nom: «détournement de la démocratie» ou, si vous préférez, "partitocratie". Les gouvernements des États membres sont incapables de s’entendre et de gouverner l'UE, ils sont réticents à créer une véritable union économique et fiscale, parce qu'ils sont réticents à céder le pouvoir. Ils ont oublié qu’ils étaient les parents des citoyens et que s’ ils étaient incapables de mener à bien leur mission, ils seraient donc obligés de céder le contrôle.


Par conséquent, il est très important que nos représentants directs dans l'UE soient vigilants et demandent des comptes aux dirigeants de leurs pays. Mais comment les députés espagnols du PP au Parlement européen vont-ils demander des responsabilités à Rajoy ou comment  les socialistes français au Parlement européen peuvent-ils exiger des responsabilités à Hollande? Là est le problème: un Parlement européen qui est une branche des partis nationaux, un Parlement européen  qui est le représentant des partis nationaux et non des citoyens.
 
Le traité en cours de négociation avec les États-Unis n’est pas le début ou la cause des maux de l'UE. Il est plutôt l'expression d'une Europe dont les gouvernements nationaux et les partis politiques, en monopolisant la représentation politique, ont exclu les citoyens du jeu démocratique. La création de partis transeuropéens capables d'échapper au monopole des partis nationaux pourrait être le début de la régénération dont  l'Europe a tellement  besoin.