Aucun armistice n'est une victoire...

- 11/11/2016



A l'heure où j'écris la France célèbre l'armistice de 1918. Oui, les soldats, ces hommes (et ces femmes) tombés il y a maintenant un siècle sur le front et dans les bourbiers méritent ce souvenir de mémoire, et je me réjouis qu'on y associe aussi les soldats ennemis (j'ai des aïeux des deux côtés de la ligne).

Mais cet armistice là n'a rien de glorieux. Au contraire, il a conduit le monde dans une catastrophe économique, soulevé tous les démons nationalistes revanchards, et non seulement en Allemagne, mais aussi en France, en Grande Bretagne...
Certes, le terrain européen a été épargné durant vingt années, mais à y réfléchir tout juste le temps d'une génération, une nouvelle génération pour venir remplir le rang des armées exsangues après la 1ère guerre mondiale, destinée à être renvoyée à la boucherie.

Pire, l'Europe ne s'est pas trouvée apaisée, au contraire, et comme c'est elle qui dominait le monde elle a exporté toutes ses revendications nationalistes, souverainistes, toutes ses batailles intestines, abreuvées de plus d'un millénaire (et même plus) de guerres fratricides (puisqu'il s'agissait de défendre essentiellement le giron des têtes couronnées toutes issues de la même lignée salienne), sur d'autres terrains, le monde était encore si vaste!
Aucune nation n'a gagné cette course à l'hégémonie, l’armistice de 1945 signant non pas une victoire, mais la défaite du monde européiste, et les empires se sont écroulés comme des châteaux de cartes.

C'est la volonté des hommes et des peuples qui a fait le traité de Rome. Il n'aurait pu se faire, ni tenir, si les peuples avaient été contre, s'ils n'avaient aspiré à la paix et cessé de voir le monde à travers le prisme du souverainisme. Ce sont encore les citoyens qui ont fait tomber les derniers avatars impérialistes (Espagne, Portugal...), à l'exception d'un seul, le Royaume-Uni qui aura toujours à cœur de défendre les intérêts de son empire contre celui commun des peuples européens. Et ce sont d'autres citoyens d'Europe qui ont fait tomber le rideau de fer. Il serait d'ailleurs temps que nous leur reconnaissions ce rôle fondamental dans l'histoire européenne plutôt que de les considérer comme des européens de seconde zone.

Ce ne sont ni des administrations, des commissions ou des parlements qui tombent sur les champs de bataille, dans les prisons, dans les rues face aux canons et aux fusils, et qui inscrivent le mot paix dans les mémoires des civilisations... eux, ils se contentent de l'inscrire sur des bouts de papier dans des wagons-restaurant ...

Souvenons-nous en !