Victoire de Syriza: Le grand examen démocratique de l’UE est arrivé !

- 04/02/2015

La victoire de Syriza, c’est le retour du politique en Europe.



Victoire de Syriza: Le grand examen démocratique de l’UE est arrivé !
Victoire de Syriza: Le grand examen démocratique de l’UE[1] est arrivé !
 
La victoire de Syriza, c’est le retour du politique en Europe.

Pour la première fois depuis bien longtemps, un parti non-institutionnel remporte une victoire électorale[2]. Or les partis institutionnels[3] sont à la politique ce que la musique militaire est à la musique... C’est donc une grande victoire que le projet de démocratisation européenne vient d’enregistrer, victoire qui créé les conditions d’émergence d’une conscience politique trans-européenne d’où sortiront enfin les partis trans-nationaux dont l’Europe a tant besoin pour continuer.

Malheureusement, bien peu de commentateurs l’entendent de cette oreille. Aucun lyrisme sur le fait que la Grèce soit à nouveau la source d’un tel renouveau démocratique… Est-ce un manque d’imagination ? De culture générale ? Ou bien le résultat de la rage ressentie par les tenants d’un système qui perd la main ?

Le fait est que les 4,7% du PASOC doivent résonner bien lugubrement pour tous les partis institutionnels encore au pouvoir en Europe mais qui savent que si le moindre mouvement politique véritablement innovant parvient à passer les fourches caudines de leurs médias, c’est ce genre de score qui les attend aussitôt[4].

Jusqu’ici la crise de l’Euro a été gérée par des banquiers, des technocrates et des traités[5]. Tout ce système, entièrement déconnecté de l’intérêt collectif des Européens dans une Europe en crise, n’a pas fait que des erreurs, là n’est finalement pas le problème principal. Le vrai problème, c’est qu’il a agi en dehors de toute légitimité démocratique.

L’arrivée dans le jeu fermé de la Troïka d’un contradicteur, issu de la revendication du peuple et représentatif de l’intérêt des citoyens d’une des nations européennes, fournit à l’UE son grand test démocratique. Depuis le temps qu’on nous parle des valeurs européennes que l’UE est censée défendre, nous allons enfin savoir si les bureaucrates de Bruxelles (Commission), de Francfort (BCE), de Washington (FMI) et des capitales européennes sont prêts à partager le pouvoir avec le peuple européen.

Syriza arrive en effet avec des solutions conçues pour servir les citoyens[6] avant les marchés financiers et les Traités surannés. Le système européen va donc devoir montrer qu’il est capable de capitaliser positivement sur le ballon d’oxygène fourni par Syriza dans les débats confinés de la Troïka.
… ou s’il va au contraire se crisper et tenter de mettre en échec SYRIZA par les innombrables moyens (financiers, politiques et médiatiques) dont il dispose et qui pourraient prendre des formes aussi diverses que : campagne de dénigrement du bien-fondé des décisions de Tspiras, mise en échec de ses choix politiques, évincement soudain sur le modèle de celui de Letta par Renzi en 2013, montée brutale du néo-nazisme d’Aube Dorée, tentative de coup d’état pour ramener le calme…

Si l’UE échoue dans ce test démocratique qui s’offre à elle maintenant, il ne restera plus que les forces plus extrémistes pour prétendre défendre les peuples européens, forces anti-européennes et anti-démocratiques cette fois, celles qui justifient le recours à la terreur pour ramener l’ordre.

L’UE a été éminemment décevante lors de ses précédents tests démocratiques (referenda français et néerlandais en 2005 ou encore irlandais en 2008), préférant ignorer le message des populations et passer en douce les textes refusés. Mais à l’époque, l’UE pouvait encore se raconter que les citoyens ne comprenaient rien ; aujourd’hui, plus personne n’a de leçon à donner à personne.
 
[1] Nous entendons par UE, le système décisionnel européen tel qu’il fonctionne actuellement, mélange de bureaucratie au niveau européen et de politique institutionnalisée au niveau national.
 
[2] En ce qui concerne l’alliance de Syriza avec un autre parti non-institutionnel et jugé d’extrème-droite, ANEL, qui fait pousser des cris d’orfraies à la presse européenne, il y a pourtant bien des possibilités de la voir positivement : si ANEL est aussi extrême-droite que SYRIZA est extrême-gauche, le danger peut être relativisé ; et d’ailleurs, l’extrême-droite fanatique, de type néo-nazi, est à Aube Dorée, et donc pas à ANEL ; immigration et valeurs sont des questions qui préoccupent les citoyens, des mesures sont d’ailleurs prises constamment à ces sujets par l’Europe et les états-membres en dehors de toute publicité et de tout mandat, si une alliance SYRIZA-ANEL créé les conditions d’un débat public, c’est encore du « plus de démocratie » ; la participation au pouvoir d’ANEL est le meilleur moyen d’en éviter la radicalisation ; …
 
[3] On a tendance à oublier qu’un parti politique est une machine à accéder au pouvoir au service d’un homme, d’une femme ou d’une équipe d’hommes et de femmes politiques précis, voué donc à se dissoudre dès que sa mission est remplie dans le cadre d’une démocratie vivante.
 
[4]La France est un effrayant exemple de ce verrouillage complet de la vie politique par des médias ne laissant passer que des repoussoirs politiques : Marine Le Pen à droite et Jean-Claude Mélanchon à gauche, tous deux réactionnaires, démodés et anti-Europe, dont personne ne veut vraiment mais vers lesquels tout le monde finit quand même par aller faute d’alternative sérieuse à l’institutionnalisation de la politique française. C’est pourtant de France que, pendant 25 ans, partirent les premières et uniques expériences à ce jour de partis trans-européens, véritables solutions pour la revitalisation de la politique européenne, menées par Franck Biancheri.
 
[5] L’essentiel de l’effort réalisé par la BCE depuis 2009 consiste à respecter des traités dont les termes ont été posés en 2003, pour ce qui concerne les 2% d’inflation par exemple, soit bien avant la crise… sans compter qu’un tel 2% d’inflation en 2003 fut certainement le résultat de propositions faites des années auparavant, puis négociées longuement et péniblement. En réalité, les Traités qui écrasent l’Europe ne sont là que pour combler l’absence de pouvoir politique et démocratique transeuropéen.
 
[6]De facto, Syriza apporte des solutions, non pas à la crise grecque, mais à la crise européenne. Mais si son discours est reçu parfaitement en Grèce et éventuellement bien reçu dans tous les pays concernés par les programmes d’austérité de ces dernières années, il l’est beaucoup moins bien déjà dans les pays qui ne se sentent pas concernés par l’austérité, au nord de l’Europe notamment. En réalité, le discours de SYRIZA pour devenir irrésistible devrait donc être porté par un parti trans-européen ou par une alliance trans-européenne de partis non-institutionnels du même type que Syriza. Tsipras en est conscient puisqu’il vient de se lancer dans une tournée européenne (Source : Europe1, 01/02/2015). Nous, Newropeans, avons toujours estimé qu’il était impossible d’atteindre la dimension trans-européenne en partant du niveau national ; nous espérons vraiment que SYRIZA nous donnera tort.