Ukraine et gaz de schiste américain

Marianne Ranke-Cormier - 14/03/2014

On peut légitimement se poser la question de savoir en quoi Washington serait concernée par des politiques, des conflits de voisinage qui ne sont pas situés sur son continent, mais à quelques 7000 km de là? Si ce n'est que de très gros intérêts financiers et de pouvoirs économiques sont en jeu, comme cela l'a été pour l'Irak, la Libye, l'Iran.

Vous vous demandez quelle relation entre le gaz de schiste américain et l'Ukraine?! C'est bien simple, le conflit Ukrainien a révélé ce qui est avant tout une lutte d'indépendance pour l'Europe, non seulement vis à vis de Moscou, mais aussi de Washington.

Si vis à vis de la Russie cette indépendance est très fortement affirmée, conduisant nos dirigeants européens à envisager une rupture avec Moscou, en supportant des revendications qui ne sont pas les siennes, sous forme de sanctions ou de menaces d'interventions, toutes les conditions pour accentuer sa dépendance de Washington et affaiblir la position géo-stratégique mondiale de l'Europe par rapport aux États-Unis sont actuellement réunies.

On peut légitimement se poser la question de savoir en quoi Washington serait concernée par des politiques, des conflits de voisinage qui ne sont pas situés sur son continent, mais à quelques 7000 km de là? Si ce n'est que de très gros intérêts financiers et de pouvoirs économiques sont en jeu, comme cela l'a été pour l'Irak, la Libye, l'Iran.

Aujourd'hui on n'agite plus la marionnette diabolique Iranienne, pour empêcher les états européens de venir se ravitailler en pétrole (1), mais la marionnette russe: Poutine (le diable en personne qui asservit à lui seul plus de 143 millions de citoyens, en appliquant non pas les maximes marxistes mais bien celles du capitalisme méthode US, Rockfeller, Goldman Sachs et cie... pour les couper du gaz russe. Si les Européens réduisent leur dépendance énergétique de Moscou il va bien falloir qu'ils s'alimentent sur d'autres marchés, et comme par hasard les négociations transatlantiques (TTIP) vont pouvoir permettre à l'UE de trouver ce nouveau partenaire. Partenaire qui de ce fait, coulant au passage l'un de ses principaux concurrents sur le marché, s'assure un écoulement de ses stocks, des prix fixés selon ses critères, des ventes dans sa devise (dollar), etc ...

Aujourd'hui l'UE, la Commission Européenne et son Service aux Affaires extérieures de l'UE, sous la conduite de Mr Barroso, Mme Ashton et Mr O'Sullivan (ambassadeur de l'UE aux USA, que l'on oublie trop souvent), tout en exhortant le reste du monde et notamment les pays pauvres à consommer "durable", ne militent plus que pour une seule ressource énergétique principale, le gaz de schiste (2). Le TTIP déroulera le tapis rouge aux armées des lobbys pétroliers/gaziers américains (3).

Et tant pis pour les Allemands qui ont misé et investi à l'Est (Nord Stream et South Stream notamment), les "Européistes" ne sont que trop contents de rabaisser leurs succès, tant pis pour la France qui perd sur les deux tableaux et ne sera que renforcée dans sa politique du nucléaire, tant pis pour une vision de l'énergie européenne, les institutions de toute façon sont bien incapables d'un tel exercice intellectuel, prétendant que le peuple européen n'y comprendrait rien et s'opposerait à tout.

N'avons nous pas les banques, les OGM, la NSA, maintenant l'armée, alors pourquoi pas le gaz de schiste américain? C'est tellement anodin... L'Ukraine décidément ne finira pas de resserrer les entraves des Européens.

Marianne Ranke-Cormier